L’intentionnalité : une marque du mental ?

 

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Un critère distinguant l’homme comprenant le chinois de celui qui serait enfermé dans sa chambre (voir billet précédent) serait que le premier posséderait une intentionnalité originelle, alors que celle du second ne serait que dérivée. Les inscriptions faites par Searle dans sa chambre close effectivement dérivent de la signification des symboles chinois. Autrement dit, la signification des réponses apportée par Searle ne serait pas intrinsèque, mais seulement dérivée, c’est-à-dire, relative à une autre intentionnalité. Ainsi, une machine se comportant comme un parfait locuteur chinois ne posséderait pas vraiment « l’intentionnalité ».

Posséder l’intentionnalité serait donc la marque du « vrai » mental. Cette caractéristique consistant à être au sujet de quelque chose ou d’un contenu, pouvant exister ou non (je peux avoir des pensées au sujet du monstre du Loch Ness) est pour le philosophe Franz Brentano, ce qui différencie les phénomènes mentaux des phénomènes physiques. Il définit l’intentionnalité de la façon suivante :

 

 

Tout phénomène psychique contient en lui-même quelque chose comme objet bien que chacun le contienne à sa façon. Dans la représentation c’est quelque chose qui est représenté, dans le jugement quelque chose qui est admis ou rejeté, dans l’amour quelque chose qui est aimé, dans la haine quelque chose qui est haï, dans le désir quelque chose qui est désiré, et ainsi de suite (Brentano, 1924-1928, p. 102).

 

L’intentionnalité concerne, donc, ce qui pour une pensée, une croyance, une intention, renvoie à un objet ou est « au sujet », d’un certain contenu. Ainsi, l’intentionnel enveloppe une grande classe d’états mentaux, comme les croyances, les espoirs, les craintes, etc., qui ont tous des contenus ou des significations exprimées par des phrases. C’est donc en vertu d’avoir ce contenu intentionnel que nos états mentaux représentent des choses à l’extérieur de nous. Ainsi, les êtres humains, mais sans doute aussi, un grand nombre d’organismes possèdent cette capacité de représenter leurs environnements. Ma perception qu’il y a des automobiles sur la route représente le fait qu’il y a des automobiles sur la route. Cette capacité de nos états mentaux à nous représenter des choses externes, c’est-à-dire, d’avoir un contenu représentationnel est une caractéristique importante de ces états.

On peut, cependant, se demander si l’intentionnel est vraiment une marque du mental ? Si la possession de cette caractéristique est le fait de tous les états mentaux ? Il semble, en effet, que certains phénomènes mentaux ne soient pas intentionnels, comme la sensation de douleur, par exemple, qui ne se réfère pas à quelque chose ou qui n’a pas de contenu comme une croyance peut avoir un contenu. Que signifie, en effet, la douleur dans ma dent ? Que le nerf est à vif ? Ce qu’implique la signification ici est plutôt une indication causale. Toujours est-il qu’un genre d’état mental comme la douleur, n’a pas besoin d’un contenu pour être caractérisé comme tel.

On peut aussi observer, qu’il n’y a pas que les états mentaux qui sont « au sujet » de quelque chose. Les mots ou les phrases peuvent se référer à des choses et avoir un contenu ou une signification. L’expression « le chien de mon voisin » se réfère à ou représente un chien particulier. Une photo de ma famille représente des personnes particulières. Si ces objets physiques, cette suite de signes qu’est le mot ou ce carré de papier qu’est la photo, sont capables de se référer à quelque chose et possèdent un certain contenu, comment l’intentionnalité pourrait-elle être une propriété exclusive du mental ?

C’est ici que l’on distingue l’intentionnalité originelle ou intrinsèque que possèdent les états mentaux et l’intentionnalité dérivée que nous attribuons aux objets ou à certains états qui ne possèdent qu’un genre d’intentionnalité « comme si ». Le « chien de mon voisin » représente ce chien particulier, seulement parce que des locuteurs du français utilisent cette phrase pour représenter quelque chose. Les locuteurs possèdent l’intentionnalité intrinsèque, alors que l’intentionnalité du mot est dérivée.

On pourrait alors dire que l’on use d’une certaine métaphore en attribuant de l’intentionnalité à des systèmes physiques dont on dit qu’ils se réfèrent à des choses. On pourrait aussi arguer que les organismes à qui l’on « décerne » le titre de propriétaire de son intentionnalité, ne sont aussi que des systèmes physiques, complexes certes, mais physiques. Notre cerveau, en tant que système biologique est capable de se référer à des états de choses externes à eux. Que signifie finalement l’attribution de l’intentionnalité à un organisme ? Pourquoi sommes-nous enclin à attribuer cette caractéristique à des organismes complexes ?

 

 

Références

  • BRENTANO, F. (1924-1928), Psychologie vom Empirischem Standpunkt, 3 vol., Leipzig, Felix Meiner Verlag ; Trad. Franç. de M. de Gandillac, Psychologie du point de vue empirique, Paris, Aubier-Montaigne, 1944.

23 Responses to L’intentionnalité : une marque du mental ?

  1. Cédric dit :

    J’aurais quelques questions sur des points de votre article :
    – intentionnalité intrinsèque/intentionnalité dérivée : si j’ai bien compris c’est sur cette distinction que repose l’affirmation que l’intentionnalité est la marque du mental. Si l’on dissout cette distinction, il se trouve alors beaucoup d’objets comportant des propriétés intentionnelles, et à vrai dire tellement qu’on rechignerait, à tort ou à raison, à faire de l’intentionnalité la spécificité des propriétés mentales. Or, vous montrez que cette distinction n’est pas solide. Doit-on en conclure qu’il faut définitivement rejeter l’intentionnalité comme critère des propriétés mentales ? J’inclinerais pouer ma part à l’affirmer, le problème étant alors de trouver un nouveau critère rigoureusement spécifique et suffisamment solide pour les propriétés mentales.
    – états mentaux intentionnels/états mentaux non-intentionnels : la distinction me semble curieuse. Je m’explique : vous (et je sais bien que la tradition le fait aussi) affirmez qu’il existe des états mentaux non intentionnels. Cette seule existence devrait suffire à rejeter l’intentionnalité comme marque du mental. Le problème est que ces états nous ennuient au plus haut point (dans notre cadre physicaliste) : ils sont tantôt qualitatifs, le plus souvent sans objet (sans entrer dans la controverse de la nature de l’objet intentionnel -chose du monde ou image mentale- il ne peut y avoir d’aboutness sans quelque chose that it’s about), parfois sous-déterminés par nos concepts mentaux usuels (il existe des états de ce type qui ne sont pas spécifiquement phénoménaux) etc …

    D’après moi, cela doit nous obliger à plusieurs conclusions :
    – il faut clairement redéfinir le concept d’intentionnalité (la piste qui me stimule le plus consisterait à rejeter la nature représentationnelle du mental, mais il faudrait alors ne pas tomber sous le coup des objections au béhaviorisme)
    – il faut préciser nos concepts mentaux non-intentionnels : la phénoménalité est un refuge précaire, et elle ne saurait rendre compte à elle seule de la variété des expériences

  2. loic dit :

    dimanche je marchais sur la plage et sans intentionalité j’avisais mon ombre, physiquement les photons directs du soleil sont arrêtés par mon corps, c’est ce qui provoque l’ombre et pourtant mon esprit me dit : voilà une preuve que j’existe quel enseignement en tirer ?

  3. LEMOINE dit :

    « Tout phénomène psychique contient en lui-même quelque chose »

    Immédiatement je pense : évidement puisque tout phénomène manifeste quelque chose quand bien même cela se révélerait un artefact, une illusion. Par définition, si on a un phénomène, on a quelque chose qui se montre donc qui est, qui existe de quelque manière. Un phénomène renvoie toujours à quelque chose d’autre que lui-même, à un objet ou un sujet à connaître qui est au moins plus que lui, sinon extérieur à lui comme sa cause par exemple. Comment imaginer un phénomène qui soit le signe de rien ? (Dans l’illusion on a au moins un jeu de lumières ou quelque chose de ce genre !)

    On est donc, il me semble, en face qu’une assertion irréfutable dont à vrai dire je ne m’explique pas bien le succès.

    Qu’est-il dit d’autre là dedans sinon qu’un phénomène psychique est un phénomène donc quelque chose qui existe, mais dont il reste à dire ce qu’il manifeste ?

    Le mot « intentionnalité » ajoute-t-il quelque chose à l’idée de phénomène ?

    Il me semble surtout qu’il crée une ambiguïté car il évoque l’idée d’intention donc l’idée d’un désir ou d’un projet, d’une action à entreprendre donc celle d’un sujet maître de son vouloir. Il me semble que ce mot engage une pente qui veut conduire à l’idée classique de « libre arbitre » et qu’il est difficile d’échapper à un certain spiritualisme si on l’adopte comme synonyme de « mental »

  4. Francois Loth dit :

    Réponse à Cédric.

    Que l’intentionnalité soit la marque du mental ne repose pas sur la distinction intentionnalité intrinsèque et intentionnalité dérivée. C’est Searle qui introduit cette distinction et Dennett, en physicaliste la rejette. Pour Dennett, l’intentionnalité n’explique pas un phénomène réel, c’est juste une position explicative utile qui permet de prédire le comportement de certains systèmes.

    L’intentionnalité, qui est un terme de l’art, est considérée comme un pouvoir propre aux esprits qui est celui de représenter ou d’être au sujet des choses. Le concept d’intentionnalité joue un rôle important dans les deux traditions philosophique (phénoménologique et analytique). Pour Brentano, elle est la marque du mental.

    Entre physicalisme et intentionnalité, le projet de naturalisation de l’intentionnalité se propose de rechercher des bases non intentionnelles à l’intentionnalité. Cette approche se base sur l’hypothèse que l’intentionnalité n’est pas possédée par les seuls états mentaux. En français, il existe un livre d’Elisabeth Pacherie, intitulé « Naturaliser l’intentionnalité » qui fait une présentation complète de la notion.

  5. Cédric dit :

    J’ai dû être un peu confus, mais je ne voulais pas dire que faire de l’intentionnalité la marque du mental nécessitait la distinction intrinsèque/dérivée. Simplement, un concept assez restreint de l’intentionnalité autorise des conclusions contre-intuitives (mais probablement vraies) :
    – si intentionnalité= »aboutness » alors effectivement il n’y a pas que les esprits qui représentent le monde. Or si l’intentionnalité est la marque du mental, état intentionnel=état mental, et on voit bien que beaucoup de philosophes cherchent à élargir ou à ajouter des contraintes au concept d’intentionnalité, parce qu’ils ne veulent pas conclure « tout ce qui représente le monde est mental ». Je sais que Dennett n’a pas peur de telles conclusions. Je n’ai pas dit que c’était faux mais juste contre-intuitif parce qu’unh des critères intuitifs du mental est l »interprétatibilité »
    – si comportement intentionnel=cohérent avec des attitudes propositionnelles attribuées par l’interprète ou l’observateur, on peut imaginer des exemples (machine à café, robots) de comportements intentionnels qu’intuitivement on rechignerait à attribuer ou à interpréter comme mentaux.

    Je crois que c’est encore un peu confus, mais ce que je voulais dire c’est que le concept d’intentionnalité qui sous-tend la thèse qu’elle est la marque du mental est un mauvais concept qui a été retravaillé ; vous évoquez la phénoménologie, et bien on y retrouve le même mouvement : Heidegger, comme Dennett, rejette le mentaliste et affirme (même si c’est difficile de prêter des thèses identifiables à Heidegger) que l’intentionnalité s’attache à des comportements ou des compétences du Dasein qui concernent non pas une image mentale du monde (c’est un gros problème de la théorie brentanienne que celui du mentalisme) mais son inscription dans le monde.

    Vous affirmez vous-même que l’intentionnalité est censée désigner un pouvoir « propre aux esprits », ce qui ne va pas de soi, et c’est juste cela que je voulais dire (même si j’ai pas dû être très clair).
    Je ne connais pas bien les thèses sur la naturalisation de l’intentionnalité, mais je n’ai pas accès à des bibliothèques et les livres sont chers.

  6. patrice weisz dit :

    Comment peut-on rejeter l’intentionnalité de l’inventeur qui a conçu le 1er appareil photo ? Quels processus physiques non intentionnels auraient pu l’amener à concevoir puis assembler les pièces mécaniques nécessaire à la réalisation de son projet ?
    Si on retire l’intentionnalité il ne reste alors que le hasard et la nécessité de la détermination des processus physiques.
    L’inventeur a un but (une cause) et se donne les moyens de l’atteindre (les effets), la causalité est ici inversée, ce qui n’est pas permis par le « principe de causalité » matérialiste dominant dans les théories physiques déterministes actuelles.
    Le problème de fond vient du fait que le principe de causalité n’est pas un vrai principe empirique, constitutif de la contingence supposée du monde, mais réside dans la vision que l’on a du fonctionnement de celui-ci.
    Ce n’est donc pas tant l’intentionnalité qui pose problème mais la notion même de relation de causalité qui apparait être constitutive de notre entendement du monde matériel.
    En effet, dire que tout a une cause, c’est éliminer le hasard intrinsèque introduit dans les théories actuelles, car le hasard ontologique ne peut être cause de quelque chose. Et éliminer le hasard revient à poser un déterminisme dans la nature, donc à la doter d’un projet, d’une intention…
    Tout est là.
    On ne peut, hélas, en dépit du rêve matérialiste, préserver à la fois la causalité, le hasard et réduire l’intentionnalité du mental à des déterminismes physiques aveugles tout en étant cohérent..
    C’est l’une des raisons qui me fait aller à l’encontre des courants de pensées dominants.

  7. Francois Loth dit :

    Réponse à Mr Lemoine.

    Le terme d’intentionnel ne doit pas être confondu avec la signification du terme « intention ». Le terme d’intentionnel indique la direction (intedere en latin).

    Dans le débat contemporain c’est principalement autour des attitudes propositionnelles que se fixe les problèmes. Les attitudes propositionnelles sont nommées ainsi parce qu’on les attribue au moyen d’une phrase formée d’un verbe principal d’attitude (vouloir, croire, désirer, etc.) et d’un contenu propositionnel.

    Le problème de l’intentionnalité est donc étroitement lié à la sémantique. Qu’estèce qui explique la sémantique ? Quels rapport peut-on faire entre les pensées comme entités intentionnelles et les propriétés sémantiques du langage ?

    Dans le billet il s’agissait de mettre l’accent sur la différence entre intentionnalité dérivée ou originelle. Cependant l’intentionnalité soulève un grand nombre de problèmes. Brentano affirme, par exemple, que si on pense à Paris, l’objet immédiat de cette pensée est un objet intentionnel plutôt que la ville. Quand nous pensons à un objet réel comme Paris, il semble néanmoins que l’objet de notre pensée est réel, c’est la ville avec ses monuments etc. Cependant, il semble aussi que la capacité de l’état mental consistant à se relier aux objets réels est importante dans le rôle qu’elle joue dans l’explication d’une action. Supposons que vous désiriez vous rendre à Paris et que vous pensez que la meilleure façon de le faire est de prendre le train, est-ce qu’une part importante de l’explication n’est-elle pas contenu dans ce désir et cette croyance qui possède un certain contenu intentionnel ?

  8. Francois Loth dit :

    Réponse à Patrice.

    Selon le principe qui sous-tend la notion de relation causale que l’on soutient, on pourra effectivement trouver une place plus ou moins grande à l’explication intentionnelle. Si la relation causale est vue comme une structure objective du monde, c’est-à-dire que l’explication causale serait un peu plus que la production de croyances justifiées au sujet de futurs événements ; autrement dit, que l’explication causale serait la recherche de la cause d’un effet produit, il se pourrait alors que nous ayons quelque mal à faire une place à l’intentionnalité.

    Etre réaliste au sujet de la causation, c’est affirmer qu’il existe quelque chose d’objectif se produisant dans la réalité extérieure, comme opposée à quelque chose de simplement subjectif, telle une structure de nos pensées ou nos seules perceptions. La relation causale n’est alors plus, seulement logée dans la psychologie humaine (Hume) ou dans la compréhension (Kant) ou encore dans le langage descriptif d’une explication (Hempel et Oppenheim), mais se révèle être une structure du monde en dehors de nos concepts.

    Un défi philosophique peut alors consister à admettre ce réalisme causal et à comprendre exactement la portée de l’intentionnel.

  9. Francois Loth dit :

    Réponse à Loïc.

    L’arrêt de photons par le corps serait une preuve de ton existence ? Et si on en tirait une conclusion autre, par exemple qu’il s’agit d’une perception de causalité ! La perception de la pression d’un objet quelconque contre une zone de son corps est pour Armstrong (1968, 1997), un exemple caractéristique de perception de la relation de causalité.
    Percevoir la relation causale c’est réfuter Hume qui bâtit sa notion de causalité sur la régularité, bref il affirme que rien dans l’expérience ne nous permet de détecter le lien causal.

    Et pour rester avec Hume suite à cette marche sur la plage. Il écrit : « Tout ce que nous concevons comme existant, vous pouvons aussi le concevoir comme non existant. Il n’y a donc pas d’être dont la non existence implique la contradiction. En conséquence, il n’y a pas d’être dont l’existence soi démontrable. » (1779, Dialogue sur la religion naturelle)

  10. LEMOINE dit :

    Penser à se rendre à Paris c’est avoir une intention pratique. Ce type d’intentionnalité est différente de celle qui consiste à évoquer Paris en image. Je comprends bien que la pensée se dirige dans les deux cas vers quelque chose qui est visé. Mais la nature de l’objet visé et le mode de visée ne sont pas les mêmes et il me semble qu’on brouille cette évidence en employant le même mot « intentionnalité » pour dire ces deux choses différentes qui sont en fait plus que banales. Cela soulève effectivement « un grands nombres de problèmes ». Mais s’agit-il de vrais problèmes ?

    Je reconnais que je suis très réticent face à des concepts comme ceux « d’intentionnalité » qui n’ont pas un sens clair et à toute la littérature que cela a pu produire. J’ai tenté de lire Husserl et j’avoue que je l’ai abandonné dans ses méditations cartésiennes (qui seraient le texte de conférences) quand il s’interrogeait gravement sur la question de savoir s’il n’était pas la seule conscience au monde ! Il est assez grotesque d’imaginer cet homme en chaire se posant une telle question.

    Je remarque qu’il prend systématiquement des exemples comme la contemplation d’un crayon, d’une feuille, d’un arbre, d’un piano etc. En fait il décrit un univers bourgeois d’où l’activité pratique est absente. J’imagine pourtant que son bureau, le gazon de son jardin n’étaient pas des objets de contemplation pour ceux qui étaient chargés chez lui de cirer les meubles et de tondre les pelouses.
    En fait les capacités de l’homme ne se sont certainement pas développées au cours de l’évolution dans un but de contemplation mais bien plutôt pour assurer sa survie pratique dans un monde où il était par ailleurs bien dépourvu. C’est donc bien le mode de fonctionnement de l’esprit de ceux qui ont une activité pratique, qui cirent et qui tondent, qui doit être étudié d’abord plutôt que celui d’un monsieur qui pense en chambre. Il me semble qu’alors bien des complications s’évanouissent dont celle d’intentionnalité dérivée sans doute.

  11. patrice weisz dit :

    Question à François :
    Il faut nécessairement introduire l’idée d’une cause extérieure pour expliquer l’indétermination ontologique de la matière décrite par la physique moderne, car on ne peut pas penser d’un évènement, même aléatoire, qu’il ne soit pas causé.
    Du coup il faut aussi accepter un au-dehors réel, « causant » les phénomènes matériels mais sans en être.
    Qu’en est-il alors de sa substance ?

  12. Francois Loth dit :

    Réponse à Patrice

    Sommes nous à la recherche du moteur non-mû d’Aristote ?
    Le dualisme des substances que ce soit la forme interactionniste de Descartes ou occasionnaliste de Malebranche ou de l’harmonie préétablie de Leibniz a effectivement besoin d’une puissance extérieure pour « maintenir » la cohérence du système.

    Que nous ne sachions pas tout du comportement de la matière au niveau bas ou que l’on observe que les particules du niveau bas ne se comportent pas comme les organismes du niveau supérieur, ne met pas en cause le principe de la clôture causale du domaine physique. Ce principe affirme (voir billet n°10) que l’histoire causale d’un événement physique n’a nul besoin d’introduire un événement qui ne serait pas physique. C’est un principe méthodologique de la physique qui consiste à ne pas faire appel à une entité non physique dans la recherche des causes. Lorsqu’il s’agit de la causalité mentale, devons-nous abandonner ce principe de clôture ? Si l’on admet que la relation causale a un sens, si l’on admet de façon plus restrictive que la relation causale ne concerne pas les entités du niveau bas, dans la mesure ou leurs comportements échappent au comportement causal tel qu’on peut l’observer au niveau supérieur, il n’empêche que le pouvoir causal des entités du niveau supérieur est hérité de ce niveau bas.

    Si l’on reconnaît une certaine identité entre le mental et le physique, il semble alors que l’on bloque le problème d’une infiltration infinie des pouvoirs causaux jusqu’à ce niveau où la causalité ne serait pas distinguée.

    L’identité entre le mental et le physique peut se déployer en un spectre métaphysique très large qui laisse aux propriétés mentales une place permettant de donner un sens à la causalité mentale, sans recourir au dualisme des substances.

  13. patrice weisz dit :

    Réponse à François :
    Le pouvoir causal des entités de niveau supérieur n’est pas hérité du niveau le plus bas ; il est une approximation commode à une échelle où les effets indéterministes sont négligeables. Tout comme les effets relativistes ne se constatent qu’aux grandes vitesses, permettant de préserver une approche classique à l’échelle humaine.
    De plus l’indétermination existe également à l’échelle macroscopique comme l’a montré si bien notamment Karl Popper à travers la notion de sphère de causalité d’un évènement.
    Plus curieusement, en physique quantique, l’indétermination ne peut être levée que par la présence d’un observateur humain (voir le Chat de Schrödinger) dont l’intéraction réduit la probabilité de la fonction d’onde.
    Ici c’est donc l’esprit de l’observateur qui cause la détermination de la matière montra

  14. patrice weisz dit :

    suite :
    …montrant ainsi que le principe de clôture ne peut être préservé. C’est un exemple concret de la nature de la causalité de l’esprit sur la matière, qui ne peut être ramenée à une interaction matière-matière qui ne fait qu’augmenter l’indétermination.
    C’est donc clairement un exemple de propriété mentale que ne possède pas la matière et qui, bien que problématique, est retenue par les grands scientifiques actuels.
    L’introduction récente et nécessaire du hasard dans les sciences modernes ouvre une brêche qui signe la fin du déterminisme causal et remet en jeu toute vision classique du monde.
    La science ne peut prétendre à aucun principe de clôture tant qu’elle n’expliquera pas la nature du hasard, et celui-ci est curieusement relié à l’esprit à travers la physique moderne.

    C’est pour cela qu’il ne faut prendre pour acquis, ni le pseudo-principe de causalité (non vérifié empiriquement), ni le pseudo-principe de clôture (non vérifié expérimentalement) qui ne sont que des à priori matérialistes « classiques », mais qui n’ont pas leurs places en philosophie.
    C’est même précisément le rôle de la philosophie de les remettre en cause.

    Les seuls vrais principes restants de la physique sont ceux qui sont testés empiriquement (conservation de l’énergie, principe de moindre action,..) qui sont des données tangibles qu’aucune théorie, même dualiste, ne peut contredire et sur lesquels toute théorie cohérente doit s’appuyer.

  15. Francois Loth dit :

    On peut adopter un point de vue sur la relation de causalité, comme processus de transmission ou encore comme échange ou transfert de quantité physique conservée. Ces points de vues ne sont pas incompatibles avec la physique, même si au niveau quantique, le comportement de particules n’est pas réglé par la relation causale telles que nous les comprenons à un certain niveau.

    Y a-t-il autre chose dans le monde que des porteurs de propriétés physiques et leurs arrangements ? De tels arrangements constituent différents niveaux de complexité produisant des effets macroscopiques spécifiques.

    Le problème de la causalité concerne, dans une ontologie stratifiée du monde par niveau, les propriétés de niveau supérieur. Si il existe des propriétés de niveau supérieur qui confèrent des pouvoirs causaux à leurs porteurs, la question de leurs pouvoirs se pose. D’où tiennent-elles leurs pouvoirs causaux ? Pour répondre à cette question il est bien difficile de ne pas songer à un héritage causal du niveau inférieur. A moins qu’à chaque niveau émerge une propriété vraiment nouvelle ? Comment comprendre l’émergence de nouveaux pouvoirs causaux ? Existe-t-il réellement une hiérarchie où chaque niveau est engendré par une complexité croissante ? Cette image métaphysique peut-elle être remise en cause ?

  16. patrice weisz dit :

    réponse à Francois :
    L’image du monde qu’offre la physique actuelle est effectivement celle de l’existence d’objets porteurs de propriétés causales dont l’action (la propagation de l’effet) se traduit par la transmission non instantanée de petites quantités physiques (particules microscopiques).
    Le problème est que cette image n’est qu’un modèle mathématique réductionniste en permanente évolution, car aucune particule ne peut être observée. Donc on ne peut pas se prononcer sur leur réalité, et encore moins assimiler ce modèle à la réalité.
    Du coup la seule chose que l’on peut dire sur le plan métaphysique est que le mental humain a réussi à plaquer sur les phénomènes observés un modèle causal correct à ce jour au niveau macroscopique, mais inapproprié au niveau microscopique.
    En conséquence, on ne peut pas dire que les pouvoirs causaux que l’on décèle sont réels car ils n’appartiennent qu’à l’image du monde formée par le mental humain.
    La question de leur origine est ainsi la même que celle de l’origine de la couleur rouge : le rouge n’existe pas en soi mais est une certaine propriété définie par un observateur humain.
    De la même façon les propriétés causales n’ont aucun sens en dehors de l’entendement humain, pas plus que la notion d’objet.
    Ce ne sont pas non plus des propriétés « émergentes » de la matière (l’existence de propriétés émergentes n’est-elle pas d’ailleurs le signe de l’imperfection structurelle du modèle réductionniste ?)

    C’est l’entendement humain qui dessine le monde à sa façon, à partir de la petite portion qu’il lui est donné d’apréhender en fonction des modalités particulières de ses sens et de la restriction de ses schémas mentaux.

    Sur le plan macroscopique l’entendement humain plaque donc la croyance d’une causalité déterministe « de bon sens » dans laquelle :
    -la cause prècède l’effet
    -les mêmes causes engendrent les mêmes effets
    Mais il s’avère que ce bon sens n’est plus applicable au niveau microscopique car :
    -les mêmes causes n’ont qu’une certaine probabilité d’engendrer les mêmes effets
    – dans les expériences de photons intriqués, si on veut préserver l’antériorité de la cause sur l’effet alors il faut repenser la nature de la matière qui devient non-séparable ce qui est tout aussi choquant.

    Il s’avère aussi que ce bon sens ne s’applique pas à l’explication de la causation mentale :
    – l’intentionnalité est l’inversion temporelle de la cause et de l’effet, car le but à atteindre (la cause de l’action) est postérieure à l’action (l’effet)
    Or selon le modèle classique matérialiste, les propriétés causales de la matière macroscopique sont déterministes. Donc tout mouvement de matière ne peut s’expliquer que par son histoire causale passée.
    A l’inverse, les actions entreprises par l’homme pour atteindre un but sont déterminées uniquement par leur finalité qui réside dans le futur.
    En conséquence la causation de l’esprit n’est pas de même nature que la causation matérielle « habituelle ».
    Il faut donc remettre en cause, soit le principe de causalité déterministe de la matière échouant à expliquer l’intentionnalité, soit faire appel à une autre substance exerçant une causalité finaliste sur la matière.

  17. Francois Loth dit :

    La position métaphysique qui est la mienne ne peut faire sienne des assertions comme
    :  » De la même façon les propriétés causales n’ont aucun sens en dehors de l’entendement humain, pas plus que la notion d’objet.  »
    ou encore
     » C’est l’entendement humain qui dessine le monde à sa façon, à partir de la petite portion qu’il lui est donné d’apréhender en fonction des modalités particulières de ses sens et de la restriction de ses schémas mentaux. »

    Je ne pense qu’il y ait des barrières entre les choses et nous. Au contraire, nos concepts sont des voies vers les choses. C’est un point de vue métaphysique traditionnel et anti kantien que d’affirmer cela, je le reconnais. Néanmoins, l’accès au monde indépendant de nos esprits est à la base de toute construction métaphysique. Vos propos questionnent au fond la possiblité de la métaphysique. Bref, l’image du philosophe enfermé comme un prisonnier dans le langage, pour le dire vite, conduit à une image du monde auquel nous n’aurons jamais accès – et qui nous conduit à de curieuses conclusions comme celle consistant à remettre en cause notre métaphysique de la causalité pour le mental. Construire une « niche » métaphysique à l’intérieur de laquelle la relation causale s’exercerait autrement que dans le monde physique qui est le nôtre n’est-elle pas une solution trop exotique ? Plus consistante, mais plus pessimiste serait alors la solution qui n’accorderait pas de place à la causalité mentale. Cependant, sans causalité mentale, c’est notre position d’agent qui serait remise en cause. La position qui consiste à rechercher un construire une ontologie sérieuse pour le mental, sans opposition avec les résultats empiriques, est, à mes yeux, une voie plus cosntructive.

    Armé de cette position, on peut être réaliste quant à la notion d’objet. En effet, on peut considérer les objets comme des porteurs de propriétés. On n’a pas besoin pour cela d’imaginer que les objets fondamentaux sont comme des particules. Les objets pourraient être des portions de l’espace temps. Les objets ordinaires seraient alors des modes d’une région de l’espace temps. Ce sont aux scientifiques de nous dire ce que sont les objets.
    En ce qui concerne la causalité. On peut soutenir une métaphysique réaliste, à son égard, qui ne soit pas le simple reflet de notre entendement.

  18. patrice weisz dit :

    La position métaphysique consistant à croire que l’on peut accéder empiriquement au monde réel n’est hélas plus d’actualité en physique moderne (voir « Le Réel Voilé » de Bernard D’espagnat). Il y a une limite bien définie et incontournable au connaissable qui force à distinguer inévitablement le monde phénoménal empirique du monde réel inaccessible.
    L’espace-temps lui-même parait être de plus en plus une modalité de notre conscience comme le disait Kant et non une structure de la réalité, puisque entre-autre les derniers modèles théoriques (les super-cordes) introduisent au moins 7 dimensions supplémentaires pour tenter d’approcher le réel.
    De plus l’approche ondulatoire de la matière (Louis de Broglie) donne l’image d’un champ continu dans lequel les objets mouvants ne seraient que des vibrations complexes en déplacement, un peu comme des vagues à la surface de l’eau.
    Mais tout comme la vague n’est distincte de l’eau que pour celui qui décide de nommer cette irrégularité parcequ’il l’observe, les objets sont aussi des formes identifiées par l’homme (des phénomènes), qui pourraient être découpées différemment si nos sens étaient différents.
    C’est un peu comme quand on reconnait des formes familières dans les nuages…
    Ce qui reste de certain c’est que s’il y a une singularité , c’est qu’il y a dans le monde réel quelque chose qui cause cette singularité.
    La causalité incontournable est là.
    Le comportement observé de deux de ces singularités peut paraitre relié causalement alors qu’il ne s’agit que d’une corrélation contingente, mais dont la contingence ne se voit pas à l’échelle humaine. Ce qui fait qu’un modèle causal y sera appliqué mais qui ne correspondra à aucune relation de causalité réelle.
    En conséquence il parait hasardeux de soutenir que la causalité d’apparence induit une causalité réelle.

  19. Francois Loth dit :

    Réponse à Patrice.

    Votre point de vue, en effet, rejoint un certain nombre de philosophes qui mettent les avancées de la physique quantique au centre de leur réflexion. Bernard d’Espagnat mais aussi Michel Bitbol par exemple (vous pourriez trouver chez ce dernier beaucoup d’éléments pouvant alimenter votre réflexion).
    Cependant, cette fascination pour la physique quantique de la part de philosophes qui sont aussi souvent des physiciens eux-mêmes, est néanmoins soutenue philosophiquement par une approche qui, dérivée de Kant, via Quine pour Bitbol, laisse peut de place à la construction métaphysique.

    L’ontologie, au sens métaphysique du terme, cherche à préciser les traits de la façon la plus générale, des choses qui sont. Le travail d’Aristote sur les catégories est considéré comme le premier travail ontologique. Une critique basique de ce travail ontologique consiste à affirmer que les catégories reflètent la structure du langage. La métaphysique a une autre prétention. Elle se fixe en effet pour objectif de parler des choses qui sont comme étant indépendantes de nos esprits, mais aussi comme étant indépendantes du langage.
    La critique de Kant, au moyen d’une analytique de l’entendement ne permettrait plus de se fixer sur les choses. La « chose en soi » nous est barrée. La métaphysique n’est plus possible.

    Au vingtième siècle, Quine, parle « d’engagement ontologique » et propose une théorie naturaliste de la connaissance dans lesquelles les propositions vraies théoriques sont au centre de l’entreprise scientifique. Cette ontologie qui laisse le dernier mot à la science est-elle encore une ontologie ? Ce que l’on pourrait appeler le « tournant ontologique », consisterait à s’affranchir de cette image métaphysique qui nous empêche de renouer avec le projet métaphysique de la tradition. Pour une approche défendant ce point de vue, il existe le livre de Frédéric Nef, « Qu’est ce que la métaphysique » Folio-Gallimard, 2002.

  20. Titan dit :

    @ Patrice Weisz
    Selon la physique nous sommes; un agglomérat de particules sans nom émettant un rayonnement radioactif certain. D’ailleurs, selon la physique du XXIème siècle, ce n’est pas l’univers macroscopique, mais les cordes issus d’une septième dimension qui expliqueraient Tout: la gravité, l’origine..
    Voilà la conception physique de l’entendement humain, c’est tout.
    Donner à cela une philosophie, c’est donner peu de valeur à l’humanité, en refusant une philosophie de l’esprit.

    L’empirisme seul permet de s’attacher à la réalité, et rien ne prouve que les théories physiques du XXIème siècle sont celles qui correspondent le plus à la réalité. La physique quantique est bien incapable de donner la détermination la vitesse et une position à une particule. Certains en ont fait une Loi, la Loi d’Heisenberg, mais qui dit que cette Loi est une caractéristique de la nature, est-elle plutôt révélatrice d’un manquement à nos connaissances?
    Einstein n’a rien prédit, il s’est servi des lois mathématiques de Poincaré et Grassman pour construire un espace physique non-euclidien. Il a établi néanmoins une métaphysique mathématique, avec quelques éléments de prédiction pour valider un test empirique c’est tout. Il a érigé une métaphysique de la connaissance en montrant le pouvoir d’un symbolisme mathématique associé à la pensée d’un univers mécaniste. Avec pour seuls éléments physiques, des constantes comme c et autres, dont il doutera longtemps pour le bon sens physique.

    L’intentionnalité des scientifiques est un réalisme mental au sens strict = thèse d’indépendance de l’esprit et de la matière.
    Mais un réalisme moins exigu peut montrer que l’intentionnalité est phénoménale, qu’elle s’acquiert par:
    la conscience des phénomènes, le langage d’interprétation, la reconnaissance d’un libre-arbitre, et la culture universelle.
    Husserl pose les phénomènes comme des régions d’être du monde, accessible ontologiquement. Mais cet accès au réel par la voie métaphysique phénoménologique, ne contredit-elle pas notre mode même de constitution des connaissances par l’observation?

    Enfin, l’intentionnalité individuelle se provoque comme chez les grands singes qui développent leur Ego devant un miroir.
    Mais l’intentionnalité collective se fonde sur des connaissances transmissibles = la culture universelle
    L’intentionnalité n’est pas un état de nature, mais la capacité qu’à l’homme à la différence de tout être en se développant, d’explorer les limites humaines de l’intentionnalité pris comme phénomène
    ..Ce qui est inimitable chez les singes pour qui le projet phénoménologique importe peu après le regard métaphysique de soi-même comme contemplation du beau.
    Hypothèse que pour réfuter, ce serait méthodologiquement incorrect de faire, car il faudrait mettre en doute le déterminisme biologique: Darwin, etc..ce qui viendrait confirmer le Nihilisme au projet ontologique, mais si ce Nihilisme est consentant, peut-être que ça change tout..

  21. Spoutnik dit :

    Le contenu intentionnel, ce que je vois ou pense par exemple, doit-il nécessairement être compris comme un objet « extérieur » existant indépendamment de ma perception ou de ma pensée ? C’est clairement le cas chez Searle dans ‘L’intentionalité’ et chez tous les réalistes directs. Mais j’avoue avoir du mal à comprendre comment ce que l’on pose comme un objet de perception ou de pensée peut être interprété de façon « réaliste » (en fait de façon métaphysique)comme ce qui existe à l’extérieur du champ de la conscience. N’est-il pas possible, en philosophie de l’esprit, d’adhérer à l’idée de contenu intentionnel sans être externaliste ? (et sans tomber dans l’internalisme)

  22. Francois Loth dit :

    La thèse externalisme au sujet des contenus de pensée est une thèse à laquelle nous avons, me semble-t-il, de bonnes raisons d’adhérer. C’est-à-dire que les conditions de vérité d’une croyance peuvent varier chez deux individus qui seraient identiques à la molécule près. On appelle cela la théorie du contenu « large ». Il existe en effet, des théories, dite du contenu « étroit », celles de J. Fodor, par exemple, développées dans « Psychosemantics » (1987). Mais je trouve qu’un contenu sémantique est mieux compris dans sa conception large.

    Le problème du contenu ‘large’ de nos états mentaux est surtout un problème pour la causalité mentale. En effet, on convoque souvent nos croyances et leur contenu intentionnel comme des causes de nos comportement, mais ce qui cause quelque chose est un état mental à l’intérieur de l’individu et dans cette cause, le contenu sémantique se montre impuissant à l’explication.

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