Une solution ontologiquement sérieuse : le fonctionnalisme d’Armstrong et de Lewis

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13 Responses to Une solution ontologiquement sérieuse : le fonctionnalisme d’Armstrong et de Lewis

  1. loic dit :

    tu écris : C’est le profil causal de la douleur qui fait que la douleur est une douleur.
    et que dire de ca:
    C’est le profil causal du plaisir qui fait que le plaisir est un plaisir.
    c’est plus difficile à quantifier et pourtant ne sommes nous pas sur le même champ ?

  2. Francois Loth dit :

    Ressentir du plaisir est aussi, bien sur, une propriété mentale, qui peut recevoir une définition fonctionnelle quasiment inverse de la douleur.

    Il faut voir cet usage systématique de l’exemple de la douleur comme un cas paradigmatique d’état mental dont on a du mal à rendre compte d’un point de vue physicaliste. Ce qui fait que cette douleur est cette douleur particulière ou que ce plaisir est ce plaisir particulier pourrait bien passer à travers les mailles de l’analyse fonctionnelle. C’est le premier problème. Autrement dit, on ne pourrait en rendre compte de façon matérialiste. Le second problème consiste à se demander si ce genre de propriété, d’éprouver une douleur, de ressentir du plaisir, est vraiment une propriété. Le problème des propriétés est un problème métaphysique important. Une propriété est possédée par un objet. On dit de deux objets qu’ils partagent la même propriété. On identifie les propriétés par leurs pouvoirs causaux qu’ils confèrent à leurs porteurs. Si deux organismes possèdent la même propriété d’éprouver une douleur, alors on parvient à isoler la propriété de la douleur. Cependant si on estime que la propriété réalisée de façon multiple ne peut être une propriété, on peut se demander de quoi l’on parle lorsque l’on attribue la douleur à un organisme. Qu’est-ce qui, dans le monde, nous permet de vérifier qu’un énoncé du genre « la personne x éprouve une douleur ? », Un comportement ? Une analyse fonctionnelle ? Un état du cerveau ? Si on choisit la propriété fonctionnelle on se heurte au problème métaphysique du statut de la propriété. Il faut dire que les fonctionnalistes ne furent pas travaillés par des questions métaphysiques en construisant leur théorie.

  3. patrice weisz dit :

    La confusion vient du fait que toute propriété peut se traduire en prédicat alors que l’inverse est faux :
    « Socrate est un homme » et « Jacques Chirac est PRF » sont tous deux des prédicats. L’humanité de Socrate se traduit par des propriétés physiques (réalisations) qu’il possède correspondant à la définition phénotypale de l’homo sapiens. Par contre le statut de Jacques Chirac ne peut se traduire en propriétés physiques spécifiques. Effectivement Jacques Chirac n’est qu’une occurence.
    « X ressent de la douleur » est un prédicat, certes, mais est-ce une propriété physique ?
    Pour être précis, sur le plan neurologique, quand il y a douleur (foyer inflammatoire par ex.) dans l’organisme, des médiateurs chimiques (les prostaglandines,..) sont fabriqués puis sont envoyés au cerveau et viennent y agir sur les terminaisons des neurones sensoriels. S’ensuit alors l’expression comportementale de la douleur par la réaction du système nerveux.
    Donc la douleur, dans un métabolisme du type humain correspond effectivement à une propriété pouvant se décrire physiquement et être soumise à l’observation scientifique.
    La douleur d’un organisme est donc une propriété matérielle objective ayant des réalisations multiples selon les individus ou le type de douleur.
    Du point de vue strictement matérialiste, il y a là encore une chaîne de causalité explicative complète, offrant une vision machiniste de l’organisme qui réagit mécaniquement à une excitation particulière.
    Je pense qu’il en va de même pour tous les qualias : Ils admettent une explication sous forme d’excitations neurologiques en réponse à des vecteurs d’informations physiologiques.

  4. LEMOINE dit :

    Est-ce qu’en métaphysique, on ne dispose pas de la notion de « fait » ?

    Parce c’est curieux de se poser la question de savoir si le « fait » d’éprouver de la douleur est une propriété et par quel objet elle est possédée ? La réponse est dans la question !

    Si c’est un fait, il se produit par l’action d’une cause ; il affecte un objet qui lui-même peut agir sur un autre. Il est à la fois contingent et déterminé. Un même fait peut se produire dans des environnements différents (entrer en ébullition concerne l’eau mais peut concerner toute autre espèce de liquide). Bref la notion de « fait » répond aux conditions requises par le « fonctionnalisme » le « physicalisme » et tout ce que vous voudrait selon la façon dont vous l’envisagez.

  5. LEMOINE dit :

    En relisant, je vois que j’ai fait une horrible faute : il faut lire « vous voudrez »

    J’en profite pour ajouter qu’un fait n’est pas une propriété mais qu’il suppose des propriétés de l’objet qu’il affecte (propriétés que n’aurait pas un liquide qui, chauffé, passerait directement à l’état gazeux par exemple).

    Mais, j’ai envie de dire que tout cela, quoi qu’il en soit ne guère progresser la science!

  6. Francois Loth dit :

    Réponse à Patrice weisz

    Il ne faut, en effet, pas confondre prédicats et propriétés. Les propriétés sont rares. Encore que l’on puisse concevoir des propriétés abondantes. Néanmoins, si on considère que les propriétés découpent le monde aux joints, alors les propriétés seront rares. En conséquence, à chaque prédicat vrai ne correspondra pas une propriété.

    Le problème des qualia est qu’ils échappent à l’analyse fonctionnelle. On peut imaginer par exemple, qu’un individu sans qualia puisse satisfaire une définition fonctionnaliste de la douleur. Un individu sans qualia, ou zombie serait un être dépourvu de ce qui fait la particularité spécifique de nos états de conscience. Il répondrait parfaitement à la description fonctionnaliste de la douleur, mais pourrait être mort intérieurement.

  7. Francois Loth dit :

    Réponse à Mr Lemoine

    Strictement parlant, les faits sont des états de choses réalisés. Les faits sont structurellement comme des propositions. Ils ne sont pas des entités concrètes comme le sont les événements. Lorsqu’un énoncé vrai affirme d’un fait qu’il est une cause, c’est qu’il existe un événement concret, daté, qui est une cause. Le fait indique également qu’il existe une propriété responsable de cet événement qui en cause un autre.

    Entrer en ébullition à un instant déterminé, pour une certaine quantité d’eau, est un événement qui peut être décrit par un fait. Cet événement (E1) peut causer un autre événement, par exemple, l’évaporation et la condensation dans un système de distillation (E2). On peut dire que E1 est l’exemplification d’une certaine propriété de l’eau, à savoir qu’elle entre en ébullition à 100° (P1). Si E1 cause E2, c’est en vertu des pouvoirs causaux conférés à l’eau par P1.

    Les propriétés ne sont pas conçues, elles sont des manières d’être des choses.

    Ici P1 n’est pas une propriété fonctionnelle.

    Une propriété fonctionnelle est une propriété de haut niveau réalisée par une propriété de niveau inférieur. Les propriétés mentales si elles sont des propriétés fonctionnelles, sont donc des propriétés réalisées par des propriétés de bases qui peuvent être différentes. Sont-elles de vraies propriétés ? La façon d’interpréter ce que sont les propriétés est ici en jeu. L’éclaircissement métaphysique n’a pas la prétention de faire avancer la science. La science empirique avance en accumulant ses données. L’éclaircissement métaphysique contribue à faire avancer notre compréhension des données de la science.

  8. LEMOINE dit :

    Dans vos réponses (celles que vous m’adressez aussi bien que celles que vous adressez à quelqu’un de beaucoup plus compétent que moi comme Patrice Weisz) on a moins l’impression d’une recherche et d’une réflexion que d’un jeu dont vous seul possédez les règles !

    Par exemple, c’est vrai que la langue française ne distingue pas clairement le « fait » qui résulte de l’action d’une cause et le « fait » (avec l’accent mis à l’oral sur le « t ») qui un état de chose constaté.

    Mais, la substitution du mot « événement » à celui de « fait » pris dans le premier sens, si elle évite une confusion possible, abandonne une exigence essentielle : un « fait » doit être expliqué car il a une cause alors que lorsqu’on parle « d’événement » on est dans la narration. Comme l’actualité le montre un « fait » même déclaré miraculeux exige une explication (un saint auteur du miracle) tandis que les « événements » de la gare du nord sont filmés, racontés et exploités politiquement mais on se garde bien de les expliquer.

    S’agissant du « fait » d’éprouver une douleur, l’usage du mot « fait » (conforme au sens commun) invite à rechercher une cause (un coup de marteau sur le doigt par exemple) mais il ne laisse aucune place à la recherche d’une « propriété » (de quoi ou de qui ?) de bas ou de haut niveau.

  9. Francois Loth dit :

    Réponse à Mr Lemoine.

    Ce blog d’introduction à la philosophie de l’esprit se fixe pour objectif une entrée possible dans le débat tel qu’il est développé actuellement dans la recherche. Il est une invitation à entrer dans une discussion qui nécessite l’usage d’un certain de nombre de notions (sont-ce les clefs que vous évoquez ?) mais ne se prétend pas être un blog de recherche. Son but est plus humble et veut seulement éclaircir ou introduire certains secteurs du domaine de la métaphysique de l’esprit et permettre la lecture d’articles sur les questions de l’esprit.

    Il s’avère qu’un « fait » en métaphysique reçoit une acception très précise et se distingue des événements. Lorsque l’on parle d’événement on est dans la narration si l’on considère que les événements tombent sous des descriptions. C’est ici qu’intervient la métaphysique qui cherche à éclaircir la notion d’événements. Finement grainé, un événement peut être l’exemplification d’une propriété à un instant t.

    Pour revenir à la douleur, si on reçoit un coup de marteau sur le doigt on peut trouver dans l’événement certaines propriétés physiques pertinentes qui sont causalement responsables de la douleur. Le problème d’éprouver une douleur est qu’il s’agit de l’exemplification par un organisme d’une propriété de type mental. La question se pose de savoir si cette propriété est véritablement une propriété causalement responsable. C’est le problème de la causation mentale. Qu’elle soit une propriété fonctionnelle ou pas est alors important.

  10. julien dutant dit :

    Merci pour ce post! J’ai toujours été au flou sur cette distinction (fonctionnalisme officiel/spécifique). En particulier, je me suis souvent demandé pourquoi le fonctionnalisme n’était pas un moyen de défendre l’identité mental/matériel, plutôt que le dualisme comme on le dit souvent. Si je me souviens bien, j’ai découvert le second à travers Kim (ne le défend-il pas aussi?), mais je ne connaissais pas ses origines.

  11. Francois Loth dit :

    Dans l’ontologie du fonctionnalisme « officiel », les propriétés mentales sont des propriétés de second ordre. La thèse réductionniste de Kim s’inscrit à l’intérieur de la thèse du fonctionnalisme officiel. La propriété de second ordre réalisée par une propriété de base est préemptée et pour Kim, il n’y a pas de propriété mentale, mais des concepts qui jouent un rôle explicatif. Le véritable pouvoir causal étant possédé par la propriété ralisatrice – autrement dit, par la propriété de l’occupant du rôle causal. En cela, la thèse de Kim se rapproche de la thèse d’Armstrong/Lewis.

  12. […] rancoisloth.wordpress.com -Une solution ontologique: le fonctionnalisme d’Armstrong et de Lewis […]

  13. L’existence est un appel à la vie et à l’appel à a vie est une invitation à l’existence. l’être pour exister doit remplir les conditions de son être et ses conditions sont les conditions de la vie. a vie se mesure en fonction des 4 actes: vivre, sentir, mouvoir et vouloir.

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