Le dualisme des propriétés

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6 Responses to Le dualisme des propriétés

  1. Serge dit :

    Monsieur Loth,

    si la liquidité est une propriété emergente d’une certaine configuration d’H2O, dira-t-on que la liquidité EST cette configuration d’H2O?
    Cette configuration d’H20 n’implique pas la liquidité…donc pas de réduction possible, non?
    La liquidité est ainsi irréductible.
    L’idée du dualisme des propriétés est-elle pertinente dans ce cas? Est-ce que le critère de l’irréductibilité est suffisant pour fonder le dualisme des propriétés?

  2. Francois Loth dit :

    Le dualisme des propriétés est utilisé en philosophie de l’esprit afin d’appuyer la distinction entre le mental et le physique, autrement qu’au moyen de la différence entre deux substances.

    A l’intérieur d’une métaphysique moniste (une seule substance) le dualisme des propriétés permet de faire une certaine place au mental. Ainsi, certaines créatures possèdent une seule substance, mais peuvent posséder des propriétés mentales.
    Le dualisme des propriétés est souvent associé au physicalisme non réductible. Ce physicalisme rejette la thèse de l’identité en affirmant que chaque substance ou événement mental est identique à une substance ou un événement physique.

    L’idée générale du dualisme n’est pas seulement que les propriétés mentales se produisent de façon co-occurrente avec des propréités physiques mais que les propriétés mentales sont réalisées ou fondées dans les propriétés physiques.

    L’irréductibilité des propriétés mentales est certainement un point de vue qui assoit la distinction entre le mental et le physique. Le problème, et J. Kim l’a montré, avec la thèse de l’irréductibilité des propriétés mentales, c’est le déséquilibre métaphysique de ce dualisme. En effet, si les propriétés mentales surviennent sur les propriétés physiques (la relation de réalisation est une relation survenante), on voit mal comment les propriétés mentales, en tant que propriétés mentales, pourraient conférées des pouvoirs causaux à leurs instances. La clôture causale du domaine physique se chargeant de préempter ces propriétés survenantes. En conséquence, si les propriétés mentales n’exercent aucune pression causale dans le monde physique, on voit mal comment on pourrait les faire exister réellement.

    Bref, l’idée du dualisme des propriétés, est à mes yeux une idée qui pose problème.

    Quant aux propriétés émergentes, elles génèrent d’autres types de problèmes…

    Ces quelques remarques ne peuvent que nous amener, dans un travail sur l’esprit, à bien clarifier ce que nous entendons par propriété ou par porteur de propriété, autrement dit à bien clarifier l’ontologie sous-jacente.

  3. Serge dit :

    Merci pour la remarque monsieur Loth,

    mais encore une fois, vous écrivez: « L’irréductibilité des propriétés mentales est certainement un point de vue qui assoit la distinction entre le mental et le physique. »
    Mais une propriété telle que la liquidité par rapport à h20 est également irréductible…on ne peut lire la liquidité dans H20…
    Mon dieu j’espère que je ne dis pas n’importe quoi.

    • La question est bonne.

      Une des meilleure exposition de cette théorie, d’où les arguments ici résumés proviennent, se trouve dans le livre L’esprit conscient de David Chalmers, récemment traduit aux éditions Ithaque.

      Un dualiste des propriétés, comme Chalmers, vous répondrait que la propriété de liquidité n’est pas un fait supplémentaire à l’organisation moléculaire de l’eau. Si vous avez H20 dans des conditions « normales » (ceteris paribus), vous obtenez « gratuitement » la liquidité. La liquidité est donc une propriété réductible.

      Par contre, si vous avez la matière grise dans des conditions normales (ceteris paribus), vous n’obtenez pas logiquement la pensée affirme Chalmers. Vous devez encore « ajouter » le fait à votre univers. Cette idée, qu’il n’existe aucune nécessité logique qui permette de passer de l’organisation physique à la pensée, se base habituellement sur l’idée plus générale qu’un monde habité de « zombies », i.e. d’organismes biologiquement et comportementalement en tout point semblables aux humains mais qui n’ont aucune conscience phénoménologique, est possible et non contradictoire. Puisque l’idée est non contradictoire, on ne peut logiquement, comme dans le cas de l’eau qui nécessite logiquement la liquidité, affirmer que la matière grise nécessite logiquement la pensée. Il s’agit donc d’un fait ontologique supplémentaire, que l’on doit expliquer autrement.

      Disons que vous êtes un dieu. Vous ennuyant un beau matin, vous décidez de créer un monde. Après avoir crée la molecule H20, vous n’avez pas à ajouter le fait supplémentaire de la liquidité – ça sera gratuit avec vos lois physiques. Par contre, après avoir crée un cerveau, vous devez faire un effort supplémentaire afin de le rendre conscient, car un cerveau fonctionnel mais inconscient est aussi concevable diront ces auteurs. (Pensez à l’animal-machine chez Descartes.)

  4. Le dualisme des propriétés est un reductionisme physique. Les phenomènes mentaux sont apreciés du point de vue de la matière, du corps. On ne peut pas dire que c´est une explication de l`esprite, mais seulement du corps.

  5. Francois Loth dit :

    En un sens, oui, puisque le dualisme des propriétés contemporain est soutenu par un monisme de la substance. Le dualisme des propriétés contemporain est un physicalisme (non réductible dans le sens des seules propriétés)

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